case départ nautique

Mes conseils pratiques

La cuisine en mer, tenir la cambuse en voyage

Un article de Maud Zanlonghi et Gaël Frébourg

Traverser l’Atlantique sans ouvrir une seule boite de conserve et en mangeant des légumes frais jusqu’au dernier jour ce n’est pas impossible!!
Peu importe le nombre de personnes à bord, peu importe vos équipements, il suffit d’avoir une bonne préparation, une bonne organisation ainsi que quelques trucs et astuces. En mer, on ne laisse rien au hasard, on anticipe.

La façon dont vous faites marcher votre voilier détermine le temps de navigation. Si vous optez pour un réglage optimal à chaque instant pour écourter au mieux la durée de la traversée ou à l’inverse, une navigation tranquille en prenant le temps, vous ne remplirez pas votre cambuse de la même manière. Cependant, une chose est sûre, avoir un équipage en forme est certainement la meilleure façon d’arriver de l’autre côté. Un équipage a besoin de repos, d’action, de rigolade, de moments à plusieurs, de moments rien qu’à soi, et surtout de bien manger ! Votre navigation sera rythmée par les quarts et la météo que vous subirez. Cette dernière déterminera la qualité de votre cuisine. Vous n’allez pas cuisiner une tartiflette par 35°C, et encore moins une moussaka par force 8 (voir : 7- les plats tempête). De même, si vous êtes seul ou cinq à bord, la fatigue, le potentiel mal de mer, tout ça aura des répercussions sur la popote. Manger, quoi de plus essentiel ? Cependant faire la cuisine en mer, n’est pas si aisé et demande parfois quelques acrobaties. Qui n’a jamais rien renversé en faisant la cuisine en mer ?
Nous les français avons la réputation d’être les seuls à parler du repas du soir en mangeant le midi. La préparation d’un repas puis sa dégustation sont des moments conviviaux par excellence. L’échange de savoir faire, de savoir-vivre et la valorisation de l’équipage parfois débutant en voile sont des éléments phares d’une longue croisière. Les journées sont longues en mer, ça tombe bien, cuisiner cela prend du temps ! Sauf que, tout le monde ne sait pas ou n’aime pas faire à manger. Pourquoi ne pas profiter de la traversée pour apprendre ? Par ailleurs, ne dit-on pas que la mer creuse ? Alors oui, il faut se mettre aux fourneaux ! Selon moi, l’important c’est de manger des plats variés qui nous font plaisir, avec des légumes frais chaque jour, du fait maison, et bien sûr qu’ils soient suffisamment nutritifs en prévision de l’activité physique. Prenez garde à la digestion, un plat trop riche appellera la sieste ! Le cuisinier est souvent déterminé comme la personne la plus importante du navire. Néanmoins un bon cuisinier sans bons ingrédients aura du mal à faire de bon petits plats même avec beaucoup d’imagination. Et si c’était la cambuse le plus important ?

Il y a plusieurs façons de faire sa liste de course (voir : 1- liste de course). L’indispensable est de demander à votre équipage leurs goûts et surtout s’ils ont des régimes spéciaux. Ce premier contact vous permettra d’impliquer votre équipage, et de faire des choix communs pour votre cambuse. Est-ce qu’on fait du pain, qui aime cuisiner, qu’est ce que tu aimes cuisiner, qui a l’habitude de le faire en navigation, sont des questions à vous poser tous ensemble. Si vous compter cuisiner beaucoup de plats au four, la réserve de gaz devra être conséquente. De même si vous ne cuisinez pas à l’eau de mer, votre eau douce en sera impactée d’autant de fois que vous ferez des pâtes ou du riz. (voir : 5- l’eau de mer)
Une transat sans frigo c’est possible, je l’ai fait. À l’inverse, si votre navire possède une cuisine très équipée (congélateur, frigo, four, four à micro-onde…), votre plus gros souci ne sera pas la conservation des aliments mais votre consommation d’énergie, sans compter les possibles pannes. Il ne faut surtout pas avoir peur de trop emmagasiner, soyez un petit écureuil. Imaginez que malencontreusement, vous perdez 1kg de farine à cause des charançons,1kg de semoule parce que le paquet s’est renversé, les patates qui ont moisi et vous ne l’avez pas remarqué, brefs les aléas… Et pour finir, l’élément primordial pour une bonne cambuse est de prévoir une réserve en cas d’avarie grave qui impactera la durée de votre traversée. Une panne moteur dans une large zone de pétole ou une croisière qui finit avec un gréement de fortune, non ça n’arrive pas qu’aux autres !! (voir : 8- réserve en cas d’avarie grave)
Maintenant que votre liste est terminée, il faut faire les courses en sélectionnant bien ses denrées, puis remplir la cambuse. Ne choisissez pas n’importe comment les emplacements pour les denrées alimentaires. Il en va de la perte potentielle d’une grande part de votre nourriture! N’oubliez pas non plus l’équilibre du navire, répartissez les poids pour ne pas nuire à la performance de votre voilier, et donc la durée de votre traversée. Méfiez-vous des emballages non-hermétiques, ils permettent aux petites bêtes de s’y faufiler et de proliférer, tout comme les cagettes en bois ou en carton! Leur faire la chasse n’a rien d’agréable et ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. (voir : 2- cafards et autres nuisibles).
Ensuite, parlons plaisir. Ne faites pas l’erreur d’acheter du saucisson, du chorizo ou du jambon de pays industriel en métropole. Attendez d’arriver en Espagne, au Portugal ou aux Canaries. D’une qualité excellente et d’une variété à vous en faire tourner la tête, sincèrement, gardez une part de votre budget pour les escales. Par contre, le bon lard fumé est bien plus simple à trouver en France et de meilleure qualité.
Autrefois, le frigo n’existait pas. Comment faisaient les anciens pour conserver le beurre, la viande, le poisson? Les charcuteries supportent très bien de rester à température ambiante. Suspendues et enrobées d’un torchon, elles s’assécheront moins vite. Il faudra y jeter un œil régulièrement pour vérifier que tout va bien. Et pour finir, suivant la saison à laquelle vous partirez, vous ne trouverez pas tous les fruits et légumes que vous souhaitez. Cela dit, les escales vous permettront de faire un réapprovisionnement varié… Ces produits frais se gâteront au fur et à mesure, c’est indéniable. Mais si vous êtes attentifs quotidiennement, il est possible de les faire durer une belle vingtaine de jours. Vous n’aimez pas le goût des conserves industrielles ? Dans ce cas, il faut prendre le temps de les faire vous-même en prévision de votre croisière. Vous pouvez aussi vous essayer à la lacto-fermentation, à la germination, la pasteurisation. Il existe une multitude d’astuces ! (voir : 4- conservation des aliments)

Ça y est, vous larguez les amarres, à vous le large ! Les premiers jours, personne n’est vraiment amariné. En prévision d’un potentiel mal de mer, faites chauffer des pommes de terre à l’eau ou à la vapeur, ça tient au corps et ça ne ressort pas! (voir : 6- mal de mer) Vous mangez dehors ? évitez la semoule, elle s’envole dépassé force 5 ! Vous mangez dedans? si vous avez froid, un plat au four réchauffe tout le carré. Vous pêchez un gros poisson, mais vraiment gros… Vous n’avez pas envie d’en manger trois jours durant! Des solutions existent. Vous êtes sous les tropiques, il pleut, vous ne pouvez pas aérer votre voilier, mais vous voulez faire du pain… Bannissez le four, votre bateau se transformerait en étuve ! Le pain à la cocotte ça marche très bien et ça cuit moins longtemps ! Des pancakes quand il n’y a plus de brioche pour le matin, sa pâte est moins liquide que celle des crêpes, vous aurez peu de risque de transformer le petit dèj en catastrophe ! Puis c’est au tour de la gamelle qui est grasse, si grasse que n’arrivez pas à la laver à l’eau de mer. Pas de gâchis, utilisez le marc de café, il est efficace avec de l’eau de mer, même froide ça marche! Bref, il n’y a pas de problème sans solution. Et maintenant, à vous d’essayer!

Comment faire pour :

Liste de course

Il y en a qui font plus ou moins au pifomètre, en calculant la quantité de légumes, féculent, viande etc, nécessaire par jour et par personne. Dans ce cas, il n’y pas de menus écrits au préalable. Personnellement, je compte le nombre de repas, j’imagine autant de recettes puis j’estime la quantité de chaque ingrédient pour tous ces bons petits plats. Cette méthode demande un peu plus de temps pour élaborer la liste course. Cependant, elle a plusieurs avantages: elle permet d’être sûr de ne manquer de rien, d’estimer la quantité de légumes de chaque sorte, de vous mettre l’eau à la bouche, et pendant la navigation de piocher dans les idées de menus si vous n’avez pas l’inspiration. Quelle que soit la méthode que vous utilisez, lors de vos achats il faut faire tous les rayons du marché et du super marché pour s’assurer de ne rien oublier!
Cependant, une fois partis depuis plusieurs jours, il vous faudra compiler en fonction des aliments qui se gâteront au fur et à mesure.

Les quantités :
Eau: 2 litres à boire (nature ou pour le café, le thé) par jour et par personne. C’est un minimum ! Et ne comptez pas boire l’eau du dessalinisateur. Dépourvue de minéraux, cette eau n’est pas recommandée pour la consommation. Vous auriez des carences et des troubles digestifs à en boire trop souvent.
La viande: une portion fait à peu près 150g à 200g, bien sûr tout dépend des mangeurs.
Les œufs ne se perdent pas, ne lésinez pas sur le nombre.
Le fromage: les pâtes dures et cuites se conserveront plus longtemps que les pâtes molle ou crues. La quantité dépendra du nombre d’amateurs. Quoiqu’il en soit, certaines personnes ne supportent pas l’odeur du camembert, du coulommier, ou du Pont-l’Evêque, c’est un petit détail important pour l’ambiance à bord !
Les féculents, et légumes secs: il faut compter environ 200g de pommes de terre par personne, 80g de pâtes, semoule ou quinoa par personne, et environ 60g de riz, lentilles vertes et lentilles corail. Il faut avoir à l’esprit que les céréales complètes cuisent vraiment très longtemps, de même que les haricots sec ou les pois chiche.
Les légumes, c’est un peu différent puisqu’ils ne sont pas forcément calibrés. Prévoyez un minimum de 200g à 300g de légumes tous confondus par tête et par repas hors oignons, pomme de terre, ail… Sinon, vous pouvez aussi compter comme ceci :
Chou-fleur : 1 pour 4 personnes
Courgette/aubergine/poivron/poireau: 1 pour deux personnes
Tomate/carotte: 1+1/2 par personne, etc..
Avec 1kg de farine on peut faire 5 à 8 cakes/gâteaux, ou environ 3 pains.
Gros sel non iodé et vinaigre blanc à prendre en grande quantité. Ils serviront à la conservation du poisson, du lard et du jambon.
Les épices, les aromates, les bouillons cube, la crème fraîche, la moutarde, le concentré de tomate etc, sont des ingrédients annexes mais ils vous manqueront grandement si vous les avez oubliez.

Je ne parle pas ici ni des petits déjeuners, ni des en-cas car ils sont très variables d’une personne à l’autre. Les conserves, il en faut à bord, même si le but est de ne pas les ouvrir. Des conserves de légumes, de plats tout fait, des soupes tout prêtes vous sauveront la mise au cas où.

Cafards et autres nuisibles

Avant de partir vers les tropiques ou les Canaries, il est impératif de mettre des pièges à cafards avant de les voir, sinon, il est déjà trop tard! Gros ou petits, ils volent très bien. Ils s’inviteront sûrement à bord, le but est d’éviter leur reproduction! Pour commencer, il ne faut pas embarquer de carton puisqu’ils en font leur nid. Les pièges collants sont très fiables. Ils ont deux avantages: ils peuvent être disposés à proximité de la nourriture et vous pouvez contrôler les nombre d’insectes au besoin.
Les cafards, mais il existe aussi les charançons, les mites alimentaire, les silvains dentelés, la vrillette du pain ou encore le tribolium de la farine. Les larves de ces insectes sont malheureusement déjà présents dans certains aliments emballés tel que la farine, les pâtes, le riz, le maïs… Le seul moyen d’éviter leur prolifération consiste à utiliser uniquement des emballages hermétiques. Les bouteilles en plastique sont pratiques pour y transférer le riz, la semoule, le quinoa, les lentilles, etc. Des bocaux serviront pour y mettre les pâtes, la farine et le sucre. Si malgré toutes vos précautions, vous vous apercevez de leur présence, isoler la source. Ces insectes meurent au congélateur. Vous pouvez aussi mettre les bocaux infestés au soleil plusieurs jours, la plupart de ces bestioles mourront. Si les pâtes sont attaquées, il est possible de les trier à l’aide d’une passoire. Mais pour les céréales plus fines, c’est impossible, alors le plus simple c’est de les ébouillanter. Les charançons remonteront à la surface, vous pourrez écumer. Et si vous en mangez, un peu de protéines en plus, ne vous rendra pas malade.

Stockage des aliments

Plusieurs options sont possibles en ce qui concerne les fruits et légumes: les filets, les casiers en grillage métallique, les caisses en plastique. Les légumes ont besoin de respirer et de ne pas être écrabouillés ni choqués. Une visite quotidienne permet de cuisiner ceux qui s’abîment au fur et à mesure. Il y aura forcément un oublié qui finira par pourrir, cela créera du jus. Pour limiter les dégâts sur les autres légumes et faciliter le nettoyage, disposez-les sur du papier absorbant. Les pommes, les bananes et les avocats sont connus pour faire mûrir précocement leurs voisins, dans la mesure du possible il faut les isoler.
Si vous utilisez un filet à fruits en extérieur, ne faites pas comme nous. Amarré trop tendu et trop lourdement chargé, nous n’avions pas prévu le très fort coup de gîte que nous avons subi dans la nuit… Les melons d’eau ont roulés sous le vent, le filet n’a pas pu les retenir, et plouf! 4 melons à la baille! Nous voguions en avance de quelques dizaines de miles sur la mini-transat, nous avons eu à l’esprit qu’une collision était possible entre un de nos melons de 4 kilos et un mini 6.5…
Les œufs se conservent en dehors du frigo. Pour leur assurer une température relativement constante il faut les disposer au plus bas et centrés par rapport à la quille pour qu’ils encaissent le moins de secousses possible. Ensuite, il faut casser les œufs un à un dans un bol à part afin de ne pas gâcher votre préparation si jamais il y en a un de mauvais.
Pour les conserves en acier, beaucoup en ont fait les frais, ça rouille! Ne pas les mettre dans les fonds, ou dans un coffre humide! Leurs étiquettes ont aussi la fâcheuse manie de se décoller. Pour éviter d’ouvrir une boîte de pêches au sirop à la place d’une boîte de haricots verts, un marqueur est utile pour noter ce qu’il y a dedans.
Dans les fonds, privilégiez l’eau en bouteille en enlevant au préalable les étiquettes. Rien de ce qui est stocké dans les fonds ne doit boucher les pompes de cales!! Pas de papier, pas de carton, donc pas d’étiquettes !

Conservation des aliments

Vous n’êtes pas obligés de laisser le beurre au frais. Il se conserve très bien dans de l’eau salée: remplir un bocal de beurre, recouvrir d’eau avec cinq belles cuillères à soupe de gros sel. Le contact avec l’eau salée empêche le beurre de rancir par oxydation. Ainsi il reste consommable plusieurs semaines à température ambiante. A chaque fois que l’on prélève du beurre du bocal, il faut ajouter de l’eau afin que le beurre ne soit jamais en contact avec l’air.
Les emballages sous-vide sont très pratiques pour allonger la durée de conservation de la viande fraiche et le fromage, conditionnée en portion repas ou en petite quantité… Il est aussi possible de demander au charcutier du petit salé dans sa saumure, la viande tiendra une dizaine de jours supplémentaires.
La patte de jambon, le saucisson et le lard fumé ont déjà subit des procédés de conservation: salaison, fumaison, séchage. Ces charcuteries se conservent suspendus et couverts d’un linge tout simplement. Le jambon sec et le lard fumé ont besoin d’un peu plus de soin. Il faut les passer au vinaigre avec un pinceau régulièrement et généreusement (chaque semaine environ). Cela limite les moisissures et empêche l’arrivée des vers. Ceci dit les moisissures blanches ne sont pas inquiétantes, c’est le même genre que celle du saucisson.
Faire ses conserves maison permet d’avoir de bons repas tout prêts. L’inconvénient est la grande consommation en gaz pour la stérilisation. A l’ouverture, il faut impérativement entendre le « pshit ». Si la conserve n’a pas été hermétique, jetez-là! Quand il y a un doute, il n’y a pas de doute !
La lactofermentation est un procédé de conservation des légumes de moins longue durée. Pas si compliqué à réaliser et très bon pour la santé. L’avantage c’est que vous ne pouvez pas vous trompez à l’ouverture du bocal, si ça sent mauvais c’est que ça a raté, alors on jette !
La germination est un bon moyen de consommer des vitamines et minéraux tout frais. Avoir un germoir n’est pas indispensable, un bocal, une compresse et un élastique font l’affaire. L’avantage est le faible besoin en eau pour la germination, c’est tout à fait compatible en voilier.
Les aromates frais et la salade verte, peuvent tenir au moins une semaine au frigo. Il suffit de les mettre dans un torchon ou du papier absorbant très humide et ré-humidifier régulièrement. De même, si la salade est toute flétrie, plongez-la pendant quelques heures dans un saladier rempli d’eau avec une cuillère à café de sucre. Au bout de quelques heures, elle aura retrouvée sa vitalité!
Vous avez pêché un poisson 15 kg! mais vous n’êtes que deux à bord? Comment faire pour ne pas gâcher? Les filets se conservent très bien salés, séchés, en gravlax, en rollmops… Votre ingrédient principal est le gros sel non iodé, il en faudra une grande quantité.

L’eau de mer

Entre la toilette, et la cuisine il ne faut pas gâcher l’eau douce! Une manière d’économiser, consiste à cuisiner à l’eau de mer. Pour les pommes de terre, le riz, le quinoa, les lentilles, les pâtes, les proportions sont: 1/4 d’eau de mer pour 3/4 d’eau douce. On obtient un goût ni trop salé, ni pas assez. Par exemple: une casserole pour y cuire des pâtes pour 4 personnes demande environ 2 litres d’eau. Si on cuisine à l’eau de mer, on économise 0,5 litre par repas !
La vaisselle se fait à l’eau de mer aussi. Le sel aura tendance à oxyder les couverts, il suffit de bien les essuyer en cours de navigation, puis de tous les laver à l’eau douce une fois arrivés au port. Pour le reste des ustensiles, vous ne craignez rien. Inutile de perdre de l’eau douce pour le rinçage. Petit détail d’importance pour finir, les toilettes étant souvent situées plus en avant du bateau que la cuisine, il est indispensable de ne pas puiser de l’eau de mer au moment où la pompe des toilettes est activée! Je dis ça… je dis rien…
La toilette: se laver à l’eau de mer puis se rincer à l’eau douce fait faire beaucoup d’économie. Le principe est de mesurer sa consommation. Le pulvérisateur de jardinage à pompe ou une bouteille en plastique dont le bouchon est percé, permettent de contrôler le débit. Avec ce genre de méthode, 1,5 litres suffisent largement pour une douche et 3 litres avec un shampoing si on a les cheveux longs.

Mal de mer

Chanceux ceux qui ne l’on jamais eu. La règle d’or est de toujours avoir l’estomac plein. Oui, mais il ne faut pas manger n’importe quoi. Personne ne réagit pareil, et finalement, le mieux c’est de se connaître, il n’y a qu’avec l’expérience qu’on y parvient. En priorité, il faut éviter la déshydratation, donc boire suffisamment. Une boisson chaude fait toujours du bien au réveil ou lors des quarts de nuit. Mais quand on est brassé, le café et le thé noir ne passent pas. Avoir dans sa cambuse de quoi faire des infusions (thym, romarin, verveine) est assez utile, et pour les quarts de nuit, un petit bouillon fait souvent du bien au corps et cœur.
Nous connaissons tous les bananes et leur utilité dans ces cas-là (le même goût en entrant qu’en sortant…). Les pommes de terre sont tout aussi utiles, l’avantage c’est que ça cale et ça ne ressort pas! En fait l’estomac n’aime pas les épices et les saveurs variés quand il est malmené. Voici ici une recette facile et rapide à faire en cas de mal de mer ou en prévision, testée et approuvée !

Patates au lard de Gaël !
2 à 3 patates par personne
1 belle tranche de lard par personne
Sel
Mettre 3 cm d’eau dans le fond de la cocotte minute. Disposer dans le panier-vapeur les pommes de terre épluchées, saler. Recouvrir des tranches de lard. Fermer la cocotte. Une fois que la soupape tourne, laisser cuire 20 min à feu moyen.
Si vous vous sentez bien, cette recette est délicieuse en l’agrémentant d’un oignon coupé en 4, d’herbes de Provence, de clous de girofle et de poivre.

Les plats tempête

Tout le monde s’accorde sur le principe d’anticiper avant un bon coup de vent. Les plats préparés en grande quantité à l’avance font l’unanimité. Mais, si le coup de tabac dure… Que faire? La fatigue, le stress, le mal de mer, le physique et le moral éprouvés… Se nourrir est primordial! Le contenu de votre assiette sera déterminé par votre capacité à mobiliser de l’énergie pour préparer le repas. Rester debout dans la cuisine devient un véritable numéro d’équilibriste. Une sangle de maintien prévue à l’avance dans la cuisine vous sauvera la mise.
S’il y a un mode de cuisson à proscrire dans une mer très agitée, c’est le four. Outre la préparation du plat, sur cardans, ouvrir le four pour le mettre dedans est une chose, le sortir brûlant en est une autre!
Cuisiner avec des casseroles ou des poêlons, n’est pas très sécuritaire car leurs couvercles ne tiennent pas très bien. De plus, si la casserole est trop remplie, vous prenez le risque de perdre une partie de votre tambouille ou de vous ébouillanter.
Finalement, ce qui a révolutionné la cuisine en mer, c’est la cocotte-minute! Étanche et de grande capacité, on peut tout y mettre! Mais attention, il est déjà arrivé que les cocottes s’envolent! Personne n’a envie de la voir atterrir sur la table à carte pendant que quelqu’un fait le point. Il faut absolument prévoir une manière de la sécuriser: un bout et deux pontés suffisent.
Préparer à l’avance les repas en cocotte et penser consistant! Quelques légumes coupés grossièrement, des féculents, un peu de viande, on recouvre d’eau, on ferme et hop le tour est joué! Les plus à l’aise tenteront un dahl (soupe de lentilles agrémentée de ce que vous avez sous la main), un chili à base de haricots rouge déjà cuits, un risotto simplifié. Ces plats sont pratiques puisque tout est dans la même gamelle, ils nécessitent néanmoins un certain temps de préparation.
Pendant le coup de vent, l’objectif est d’être simple et efficace. Rien n’empêche de manger froid (sandwich ou autre), mais si votre équipage est trempé et frigorifié, je doute que ce soit la meilleure option. Certes, faire cuire des patates à l’eau ou à la vapeur, des pâtes ou du riz pilaf, demande un peu de temps. Cependant, réchauffer de la soupe toute faite, des raviolis ou des conserves, n’est pas si laborieux!
Et pour finir, super pratique, chaud et ultra rapide: la semoule cuite avec un bouillon cube! Mais souvenez-vous, la semoule s’envole par vent fort, mettez plus d’eau que nécessaire dans la gamelle pour donner une consistance de « soupe », sinon vous ne mangerez pas grand chose.

Réserve en cas d’avarie grave

Vous avez démâté, vous voilà avec une traversée qui dure le double du temps prévu à la base…
Avoir confectionné cette réserve vous évitera de vous rationner. Cette quantité de nourriture et d’eau doit être mise à l’écart pour être sûr de ne pas piocher dedans par mégarde. On ne vise pas la gastronomie. Il faut des aliments qui se conservent très longtemps pour ne pas les perdre si (je vous le souhaite) vous n’en avez pas eu besoin.
Vous n’aurez plus beaucoup de gaz vers la fin à moins d’avoir prévu le coup. Choisissez donc bien vos aliments. Finalement, c’est à ça que servent les conserves (légumes, sardines, plats tout fait…)! Les féculents comme la semoule ou les vermicelles de riz ou de soja, consomment très peu d’eau et de gaz pour la cuisson. Suivant les skippers, 10, 20, 30 jours de rab, ça demande un peu de place et de réflexion.

Trucs et astuces

– Les lentilles blondes et corail cuisent beaucoup plus vite que les lentilles vertes.
– Quand un plat est trop salé, ajouter une pomme de terre.
– Quand il y a trop d’ail, ajouter du vinaigre rééquilibre les saveurs.
– Les noix, noisettes, amandes molles, une fois passées au four retrouvent leur croquant.
– Le lait, avant de le perdre, on le transforme en panir (c’est une sorte de fromage). Il suffit de faire bouillir le lait (attention qu’il ne déborde pas!) et d’y ajouter deux cuillères à soupe de vinaigre blanc. Le lait va se séparer quasiment instantanément. Stopper la cuisson. Déposer un linge dans la passoire et y verser le contenu de la casserole. Le but étant d’enlever toute l’eau du panir, fermer le linge sur le panir et poser un poids dessus pour faciliter l’égouttage. Vous pourrez le conserver quelques jours au frigo, à cuisiner avec ce que vous voulez !
– Prendre du produit vaisselle bio, c’est limiter notre impact sur l’environnement. Par ailleurs, coupé avec de l’eau et une cuillère à café de bicarbonate de soude permet d’en utiliser moins et de diminuer l’effet patinoire s’il tombe ouvert sur les planchers.
– Le marc de café possède un fort pouvoir dégraissant si vous avez des plats dures à ravoir. De plus, les poêles s’abîmeront moins qu’avec le côté vert de l’éponge.
– Les robots de cuisine à manivelle reviennent à la mode, il était temps! A vous les facilités de cuisine, il permettent de tout faire, même les œufs en neige !
– Une solution rigolote et très efficace pour monter des œufs en neige facilement: une perceuse sans fil, un fouet installé à la place du foret, et hop! La faim justifie les moyens !
– Pour rafraîchir une boisson, il suffit de l’enrouler dans un linge humide et de la placer au soleil et dans le vent. L’eau du linge va s’évaporer tout en refroidissant la boisson.
– La marmite norvégienne est un procédé de cuisson économique en gaz. Il faut : une cocotte qui ferme hermétiquement, plein de textiles qui ne craignent pas le chaud et une caisse (un coffre de bateau fait très bien l’affaire). Le principe est d’arrêter précocement la cuisson sur le feu et la laisser se poursuivre tout doucement en emmitouflant la cocotte dans les couvertures pour garder la chaleur.

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