QUI PRÉVENIR, QUELS DÉCLARATIONS AVANT UNE TRANSATLANTIQUE ?
Au cours de mon dernier voyage en 2021, je me suis rendu compte qu’avant de partir en transatlantique, très peu de plaisanciers prenaient la précaution de prévenir les services de sécurité maritime voir même ne connaissaient pas leurs rôles exact. Ce constat m’a rappelé que moi non plus, lors de mon premier voyage en 2003 je n’y connaissais pas grand choses. Ce n’est pas très prudent.
Lorsque l’on part loin, hors de portée des secours habituels, que se passe-t-il s’il y a un accident, un malade ou un blessé à bord ? Que se passe-t-il s’il y a une grosse avarie ou un naufrage ? Pour réduire les délais d’intervention et de ralliement des secours, il vaut mieux avoir pris ses précautions et fournir au préalable un maximum d’informations aux divers organismes interventionnels. Il faudra prévenir plusieurs services administratifs et opérationnels en plus de vos proches et de votre assureur. Ces services sont interconnectés et ont pour mission d’assurer et coordonner les opérations de recherche et de sauvetage. Prévenir le CROSS, le CCMM ou mettre a jour sa licence radio à l’ANFR ne sont que quelques formalités gratuites mais qui peuvent être primordiale en cas d’incident.
Préparer un voyage prend beaucoup de temps. Entre l’équipement, la préparation technique, l’avitaillement, l’administratif personnel et le financement, ne faites pas l’impasse sur cet aspect de la sécurité, vous ne partirez que plus serein. Je conseille aussi vivement de s’équiper d’un moyen de communication avec la terre (téléphone satellite ou un système permettant une connexion web par satellite). L’offre se diversifie de plus en plus et les prix diminuent. Cela vous permettra de joindre en direct un médecin ou les services de sauvetage.
a) Votre assurance
Chacune a ses propres exigences : déclarer votre départ et votre arrivée, fournir la liste du matériel de sécurité embarqué à bord, donner les curriculums vitae nautiques de l’équipage, partir avec un nombre minimum d’équipiers expérimentés…
Que ce soit au tiers ou au tout-risque, assurez-vous que votre contrat vous couvre pour la zone de navigation envisagée. La plupart des assurances ont des zones d’exclusion qu’elles considèrent à risques (ex. : certains pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud). Elles ne couvrent pas non plus les transatlantiques durant la période cyclonique (de juin à octobre). Il faudra donc planifier votre départ des Canaries ou du Cap-Vert à partir du 1er novembre ou votre retour avant le 1er juin.
b) Vos proches
Désignez un « référent » ou bien une personne à contacter en cas d’urgence puis transmettez ses coordonnées aux divers services opérationnels ou administratifs.
Donnez-lui les coordonnées du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage maritimes (CROSS) de Gris-Nez, pour qu’il puisse le contacter en cas d’inquiétude.
Et surtout tenez-le informé de votre programme de croisière, de la durée estimée de votre traversée ainsi que de l’identité et du nombre de personnes à bord.
Mettez-le en copie des e-mails de déclaration de traversée.
Donnez-lui aussi une copie de l’attestation d’assurance du bateau. Il peut être utile de la solliciter, pour conseil ou faire valoir ses garanties.
c) L’ANFR (Agence nationale des fréquences)
Y solliciter une licence vous permettra d’intégrer votre navire et ses équipements radioélectrique automatique dans une base de données international « radio maritime » qui elle est mise à disposition des divers centres de secours CROSS en France ou MRCC à l’international (Maritime Rescue Coordination Centres). Vous y déclarerez des informations qui permettront une meilleur réactivité des secours tél que celles relatives au navire (type, longueur, couleurs, etc.), aux équipements de télécommunications embarqués ainsi que les coordonnées du propriétaire et autres contacts à prévenir en cas d’urgence mais aussi les mouvements du voilier (départ, temps de traversée estimé, arrivée).
La licence est une autorisation d’exploitation de matériel radioélectrique. Gratuite, elle est valable un an et renouvelée par tacite reconduction. Elle doit être conservée à bord et présentée sur demande des autorités de contrôle en France et à l’étranger. Le navire et ses équipements radioélectriques se verront attribuer un numéro d’identification.
Pour le bateau, il lui sera attribué un indicatif d’appel. Il permet de distinguer deux navires qui portent le même nom. Il est employé lors d’un appel par voix par VHF.
Pour les équipements radioélectriques d’appel sélectif numérique (ASN ou DSC en anglais), un numéro d’identification MMSI (Maritime Mobile Service Identity) que l’on encodera sur les balises Cospas-Sarsat (EPIRB ou PLB autorisées), les VHF ASN, les stations Inmarsat B ou C et autres équipements. Il faudra, bien sûr, penser à la mettre à jour au fur et à mesure que vos équipements évoluent.
L’ANFR n’assure pas uniquement une mission liée à « la sécurité en mer ». En tant qu’établissement public administratif, elle a pour mission d’assurer la planification, la gestion et le contrôle de l’utilisation du domaine public des fréquences radioélectriques en France et à l’international (communications mobiles, transports, Internet des objets, télévision, défense nationale, industrie, etc.). Par ailleurs, elle gère le certificat d’opérateur radio appelé CRR (« certificat restreint de radiotéléphoniste »). Sans ce certificat, il n’est normalement pas possible de naviguer dans les eaux internationales et étrangères. Le CRR est cependant facultatif dans les eaux françaises, à condition de posséder le permis de conduire des bateaux de plaisance.
Avant de faire votre demande de licence, faites l’inventaire de votre matériel radioélectrique avec la marque et le numéro de série, puis allez sur la page ci-jointe du site de l’ANFR :
https://teleservice-radiomaritime.anfr.fr/login
Pour en savoir plus sur l’ANFR et les équipements obligatoires :
https://www.anfr.fr/gerer/radiomaritime/fiches-pratiques-plaisance-pdf
d) Le CROSS GRIS-NEZ (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage)
C’est à lui qu’il faudra adresser une déclaration de traversée. Déclaration dans laquelle vous devez notamment mentionner le programme de navigation avec le lieu et la date de départ, la destination ainsi que la durée estimée de la traversée. Vous y signalerez également des informations liées à l’équipage, au navire, aux moyens de télécommunication à bord ainsi que les coordonnées des personnes à contacter en cas d’urgence.
Le CROSS Gris-nez, situé au Cap Gris-Nez dans le Nord-Pas-De-Calais, a une mission internationale en plus de sa zone de surveillance dans le Nord de la France, Il est le correspondant français auprès des centres de recherche et de sauvetage étrangers. Il centralise et traite les alertes émises par les navires français naviguant sur toutes les mers du monde. Il coopère avec les MRCC (Maritime Rescue Coordination Centres), ses homologues dans le cadre du système mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM).
Fiche de déclaration de traversée (le mail de contact est indiqué dessus) :
Plus d’infos sur le CROSS Gris-Nez :
https://www.cross-grisnez.developpement-durable.gouv.fr
e) Le CCMM (centre de consultation médicale maritime)
En cas d’accident ou de maladie, après avoir prévenu le CROSS, vous pourrez contacter ce centre de téléconsultation médicale par téléphone satellite, inmarsat, mail ou tout autre moyen.
Mais avant le départ, pour faciliter la prise en charge d’un malade ou d’un blessé, il faudra au préalable lui avoir transmis un certain nombre d’informations relative aux équipiers et au bateau. Le CCMM ouvrira alors un dossier au nom du bateau mais aussi dossier médical au nom de chaque équipier. Il sera préférable dans un soucis de respect du secret médicale que chaque équipier envois sont propre dossier après avoir contacté le CCMM sur les modalités de ce transfert.
Information utile au ccmm :
– Fiche médicale individuelle contenant les antécédents, allergies, traitement en cours, etc ;
– l’inventaire de la pharmacie de bord ;
– les dates de départ et le temps de traversée estimé ;
– les informations liées aux télécommunications possibles à bord (n° de téléphone satellite, possibilité ou non d’envoyer des photos par Internet…)
– Numéro MMSI et indicatif d’appel
À bord d’un navire de plaisance, c’est le capitaine qui est responsable des soins. Avant d’appeler le CCMM pour une téléconsultation, il est très utile d’avoir rempli une fiche d’observation médicale. Elle aidera à recueillir les données concernant le patient, ce bilan sera vital pour permettre d’apprécier la gravité de l’incident (ex : conscience, fréquence respiratoire, fréquence cardiaque et si possible la pression artérielle et la température). Pensez que le médecin ne verra et ne touchera pas le patient, c’est vous, capitaine, qui deviendrais les yeux et les mains du médecin.
Pour garnir votre pharmacie, vous trouverez la liste réglementaire dans la division 240, liste très succincte qui ne nécessite pas d’ordonnance. Le CCMM, lui sur son site internet propose des listes de médicaments et de matériels médical à destination des plaisanciers et des professionnel. Elles seront différentes en fonction du type de votre navigation (côtier, semi hauturier, hauturier). Elles tiennent principalement compte du délai de ralliement d’un patient à la terre (distance d’intervention, autonomie d’un hélicoptère …etc…). Ce ne sont que des préconisations pour les plaisanciers, une fois que vous avez sélectionné votre liste parlez en avec votre médecin traitant vous l’affinerez avec lui et c’est lui qui vous fera l’ordonnance. (Votre dotation médical ne sera pas remboursé par la sécurité social). Pour les professionnel il existe plusieurs dotations médicale obligatoire.
Le CCMM a été créé pour réduire les délais de réactions et celui des soins à apporter aux malades ou blessés en mer. Il a été intégré au CHU de Toulouse, l’hôpital Purpan, du fait de sa proximité avec l’ancienne station de radio maritime Saint-Lys qui, autrefois, était le seul service permettant des liaisons radio entre la terre, les navires en mer et les aéronefs. Il assure un service gratuit de téléconsultation et d’assistance télé-médicale pour tout navire en mer et est en lien avec les autres services opérationnels de secours tels que les CROSS et les MRCC.
Le CCMM assure aussi un service de formation médicale des personnels servant à bord des navires de commerce et de plaisance professionnels.
Documents à télécharger :
– fiche médicale individuelle (ou fiche de renseignement médicaux)
– fiche d’observation médicales plaisancier (« décrire » le problème ou bilan du patient)
– Dotation médicale plaisance du CCMM
– Pharmacie information pour plaisancier
– Modalités d’appel au CCMM
– Information sur les téléconsultations :
www.ccmmtoulouse.com/pages/teleconsultation.html
– Présentation du CCMM :
www.ccmmtoulouse.com/pages/conseil-municipal.html
– Division 240 (Réglementation pour les navires de plaisance)
www.mer.gouv.fr/les-divisions-securite-plaisance#summary-target-0
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INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
a) Les équipements radio obligatoires à plus de 60 milles d’un abri
Une VHF portable, portée moyenne 3 à 6 milles nautiques. Elle sera utile si votre fixe tombe en panne ou si vous vous retrouvez dans le radeau de survie.
Une VHF fixe, avec antenne en haut du mat, portée moyenne 20 milles nautiques (près de 40 km). Les VHF permettent des communications vocales bateau/bateau ou bateau/terre et terre/bateau.
Une radio balise de localisation des sinistres (GPS intégré non obligatoire)
Une Balise Cospas-Sarsat (EPIRB ou PLB autorisées), 406 MHz. À ne pas confondre avec les balises AIS. Une balise de détresse 406 MHz ne permet pas d’entrer en contact avec les navires à proximité. Elles émettent un signal avec les informations suivantes : position, nom du navire et MMSI. Ce signal sera capté par un satellite puis redirigé vers une station terrestre et enfin vers un MRCC ou CROSS.
Ses atouts :
• permet une couverture mondiale par satellite ;
• donne un positionnement précis si un GPS est intégré ;
• possède un dispositif de radio ralliement (portée de quelques milles) sur une fréquence dédiée qui permet aux secours de se diriger directement vers la balise ;
• certains modèles de balises disposent d’une lampe stroboscopique permettant de fournir une source lumineuse pour être vu par les moyens de secours ;
• système qui a fait ses preuves (plus de 40 000 vies sauvées depuis 1982) ;
• a une autonomie en émission de 24 heures minimum.
Un Moyen de recevoir la météo :
– VHF fixe réception à moins de 30 milles des côtes.
– NAVTEXT réception automatisée entre 200 et 500 milles des côtes suivant les émetteurs.
– Radio émetteur/récepteur BLU, pas de limite.
– Radio récepteur BLU couplé à un ordinateur pour recevoir des fichiers météo, pas de limite.
– Les Téléphones satellites : choisir le fournisseur en fonction de la zone de couverture (iridium, iridium go, thuraya). Vous pourrez solliciter un routeur ou charger des fichiers GRIB.
– Les moyens satellitaires fixes (inmarsat, Fleet broadband, VSAT broadband, et le nouveau Starlink)
b) Les équipements radio non-obligatoires, mais recommandés
Une VHF fixe ASN Appel Sélectif Numérique ou DSC en anglais.
Elles doivent obligatoirement avoir un GPS intégré ou être raccordées à un GPS pour pouvoir envoyer la position. Elles assurent la transmission et la réception automatique des communications de détresse, d’urgence et de sécurité (vous pouvez sélectionner manuellement le type de détresse avant déclenchement) en établissant un contact direct avec les autres navires et les stations côtières chargées de la sécurité en mer. Portée de 20 à 30 milles nautiques.
Radio balise de localisation des sinistres avec GPS intégré.
Elles donnent une position plus précise.
c) Enregistrement du numéro MMSI dans les appareils VHF ASN et Balises de détresse
Une fois que vous avez récupéré votre numéro MMSI auprès de l’ANFR, il vous faut l’encoder dans vos appareils. Pour une VHF ASN, il suffit de lire la notice. Pour une balise de détresse, mieux vaut le faire faire par un professionnel.
– Plus d’infos sur : www.anfr.fr/gerer/radiomaritime/faq
d) Communications brouillées par l’éclairage LED
Attention, il faudra éloigner les éclairages à LED des antennes de radio AIS, car ils brouillent ou interrompent la réception lorsqu’ils sont allumés. Veillez donc à l’emplacement de l’antenne ou des feux de navigation.
e) Priorités d’actions
En cas d’accident ou d’incident il faut impérativement avant d’intervenir prendre un temps pour faire un bilan et analyser l’événement, cela évitera les erreurs liés à la précipitation et vous permettra d’établir des priorités d’interventions. La toute première des priorités sera de préserver ou sécuriser le bateau ou le blessé pour éviter un sur-accident. Ensuite prévenez au plus tôt l’équipage et les secours puis intervenez sur l’événement.
La fiche d’observation médicale plaisance pourra vous guider et vous aider à intervenir
le CROSS pourra vous aider à prioriser les actions, il fera un inventaire des secours disponible dans votre zone de navigation, il les alertera et les sollicitera en cas de besoin et c’est lui qui vous mettra en relation avec le CCMM.
Rappel :
Faire un bilan en analysant l’événement
Établir les priorités d’interventions
Préserver ou sécuriser le bateau / le blessé
Prévenir au plus tôt l’équipage, le CROSS
Intervenir sur l’événement
f) Formations médicales ou sécurités ouverte aux plaisanciers
Liste non exhaustive de différents centre de formation
Infornav
https://www.infornav.fr
Escale Formation Technique
https://www.escaleformationtechnique.com
Macif centre de voile
https://www.macifcentredevoile.fr
Médidistance
https://www.medidistance.com
Institutions (Ils vous fourniront une liste de centre habilité)
Protection civile (psc1, pse1, pse2)
https://www.protection-civile.org
FFV (stage world sailing et stage formation médical hauturière)
https://formation.ffvoile.fr/formations-a-la-securite/